L'épinette des Vosges 

Un peu d’histoire…

L’épinette des Vosges est à l’épinette, ce que le fromage de tête est au fromage !

 

Depuis le début du XVIIIe siècle, documents et témoignages attestent la présence de l’épinette dans les Vosges méridionales autour du Val d’Ajol, Plombières et Fougerolles.

 

L’origine de son apparition reste encore inconnue, peut-être amenée par les Suédois, durant la guerre de 30 ans.

 

Le plus ancien document est daté du 5 avril 1743, c’est un procès-verbal de reconnaissance du cadavre de Joseph Paris découvert sur le territoire du Val d’Ajol. Dans les poches du laboureur, mortellement blessé par un garde du tabac, on retrouve entre autre, " des cordes d’épinettes ".

En 1825, le Baron de Mengin-Fondragon, dans "une saison à Plombières" nous relate sa rencontre avec "le père Vincent" (1753-1830) ; il y est clairement indiqué que l'épinette des Vosges mesure un pied et demi environ de longueur, que l'instrument possédait quatre cordes à l'origine et que c'est Claude Joseph Vincent qui a eu l'idée d'ajouter la cinquième ; que pour former les tons, il suffit d'appuyer à l'aide d'un roseau sur les deux premières cordes entre les différentes touches séparées par des fils de fer et de promener, avec la main droite, une plume taillée sur les cinq cordes.

 

Nous avons tourné et retourné la question maintes fois :

Est-ce que cet instrument est une épinette ?

 

non, à notre avis, c’est un langeleik.

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Est-ce que cet instrument est une épinette ?

 

non, à notre avis, c’est un langspiel.

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Est-ce que cet instrument est une épinette  ?

 

oui, à notre avis c’est une épinette.

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Est-ce que cet instrument est une épinette ?

 

non, à notre avis, c’est une citera hongroise.

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Est-ce que cet instrument est une épinette ?

 

non, à notre avis, c’est un dulcimer.

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Est-ce que cet instrument est une épinette ?

 

oui, à notre avis, c’est une épinette.

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Est-ce que cet instrument est une épinette ?

 

 oui, à notre avis c’est une épinette.

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Est-ce que cet instrument est une épinette ?

 

non, à notre avis c’est scheitholt ou une bûche.

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Est-ce que ces instruments sont des épinettes ?

 

non, à notre avis ce sont des épinettes du Nord ou des bûches du Nord (reconnaissables à leurs Fa dièse).

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Est-ce que cet instrument est une épinette ?

 

non, à notre avis, c’est une épinette du Nord.

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Est-ce que cet instrument est une épinette ?

 

non, à notre avis c’est un bulbul tarang.

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Est-ce que ces instruments sont des épinettes ?

 

non, à notre avis ce sont des épinettes des Vosges.

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Est-ce que cet instrument est une épinette ?

 

à notre avis, non, c’est un taisho koto.

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Est-ce que cet instrument est une épinette ?

 

non, à notre avis, c’est une épinette des Ménestrels ou épinette de Gérardmer (modèles déposés !) que l’on qualifie abusivement « épinette traditionnelle » de Gérardmer.

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Est-ce que ces instruments sont des épinettes ?

non, à notre avis, ce sont de Häexeschits.

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Est-ce que cet instrument est une épinette ?

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non, à notre avis, c’est une kobza tchèque.

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Mais nous pouvons nous tromper … si l’on nous prouve le contraire, nous voulons bien revenir sur nos avis.

Bien entendu, il existe de nombreuses autres cithares à bourdons qui ne sont ni des épinettes ni des épinettes de Vosges (ces dernières étant diatoniques car elle se jouent à l’aide d’un bâton !).

Ce que nous craignons, c’est qu’à force d’appeler tout et n’importe quoi une épinette ou une épinette des Vosges, on ne sache plus ce qu’est une épinette ni une épinette des Vosges

 

 

Quelques contrevérités concernant l'épinette des Vosges relevées sur la toile et dans diverses publications :

 

On peut distinguer deux variétés d’instruments (pourquoi par trois ou quatre ou cinq ou dix ou 1 par canton ou même par village du temps qu'on y est ?

 

L’épinette du Val d'Ajol (pour nous il n'existe pas plus d'épinette du Val d'Ajol que de Fougerolles ou de Bellefontaine … invention ! Certes la plupart des épinettes des Vosges étaient fabriquées au Val d'Ajol comme l'indique clairement Jacquot en 1886 dans son dictionnaire raisonné des instruments de musique ou comme l'atteste la quasi-totalité des épinettes des Vosges de tous les musées à travers le monde ou les seuls témoignages d'avant 1945 ou les cartes postales d'avant 1945, mais ce sont des épinettes des Vosges).

 

L'épinette de Gérardmer (effectivement l'épinette des Hautes Vosges ou de Gérardmer existe, elle a été inventée par les Ménestrels de Gérardmer vers 1960 c'est un modèle déposé à la S.P.A.D.E.M. à Paris, elle a été inspirée par instrument d'origine et d'époque inconnue à 4 cordes – 17 frettes …)

 

Citée pour la première fois en 1723 (ah ! la fameuse supercherie !!! "Le livre de comptes" : tout d'abord il s'agit d'un document qui relate "l'achat d'épinette fermantes pour apprendre aux escholiers (sic) à toucher de l'orgue" il s'agit plus vraisemblablement d'épinette "clavecin" ! Quand bien même il s'agirait d'une épinette "cithare", le fait qu'un ecclésiastique en achète à Brest, Lille, Marseille ou Gérardmer est-ce que cela peut attester le fait qu'il soit d'un usage courant dans une de ces villes ?)

 

Il est cependant probable qu’elle soit issue du « Psaltérion » médiéval. (Plutôt du scheitholt …)

 

A propos des épinettes dites de Gérardmer ou des Hautes Vosges elles sont de grande taille (80 cm de longueur environ) plus rustiques et moins bien finies (à notre connaissance, il n'existe pas une seule épinette des Vosges d'origine et d'époque connue avec certitude qui présente ces caractéristiques, il ne s'agit que d'hypothèse et les cas sont, contrairement à ce qu'on peut laisser entendre, très rares et pas forcément dans les Hautes Vosges). Elles sont, par contre plus variées (et pour cause : des iconoclastes essaye de faire rentrer dans la catégorie épinette des Vosges tout et n'importe quoi, on a essayé d'y faire rentrer un instrument à double frettage chromatique sans bourdons et pour mieux brouiller les pistes on a tenté de nous faire croire qu'il existait à plusieurs exemplaires ; on a même vu des cordes tendues sur un manche à balais avec une caisse de résonance composée d'un bidon d'huile usagé qualifié d'épinette ou un sabot d'enfant sur lequel on avait tendu des cordes intitulé épinette sabot !

Ouvrons une parenthèse pour évoquer l'étrange CD Ocora Radio France intitulé "épinette des Vosges" qui ne semble pas contenir un seul morceau joué sur une véritable épinette des Vosges, mais sur des instruments chromatiques vaguement inspirés d'un instrument unique (et pour cause, il s'agit plus vraisemblablement d’épinettes du Nord comme le confesse J.F. Dutertre dans le Trad Mag de février 2017) d'origine totalement inconnue et totalement atypique (forme atypique, nombre de corde atypique, système de tension des cordes atypique …) conservé au musée départemental d'Epinal que l'on a qualifié par erreur à une époque d'épinette des Vosges et que l'on nous sert à toutes les sauces, notamment en couverture du CD de Radio France … cela a vaguement la forme d'un dulcimer ce qui fait qu'il y a des personnes peu respectueuses de notre patrimoine qui suggèrent de bannir le terme épinette des Vosges au profit du terme dulcimer des Vosges.

 

La vogue renaît après 1945 ( l'épinette des Vosges n'a pas cessé de vivre dans les Vosges méridionales à travers Laure GRAVIER, Cécile MANENS, Augustine DUVAL, Maurice BARBEAU, Louis HENRY, Auguste GRISON (qui en fabriquait pendant la première guerre mondiale en captivité) il existe des dizaines de personnes qui jouaient de l'épinette des Vosges dans le canton de Plombières entre 1900 et 1945).

 

On joue de l’épinette le plus souvent assis (faux : c'est presque toujours assis que l'on joue de l'épinette des Vosges comme l'indique plusieurs méthodes dont celle d'Amé LAMBERT ou encore le témoigne de De Mengin Fondragon ; quelques iconoclastes tentent de nous faire croire que l'épinette des Vosges se joue de la même manière que le dulcimer !)

 

L’instrument reposant sur les genoux ou sur une table (faux encore une fois : c'est toujours sur une table que l'on joue de l'épinette des Vosges comme l'indique plusieurs méthodes dont celle d'Amé LAMBERT, de plus si l'on jouait sur les genoux, à quoi serviraient les clous plantés sous les véritables épinettes de Vosges ?)

 

On en joue de la main gauche avec les doigts ou un bâtonnet en bois (faux encore une fois : c'est toujours avec un bâtonnet en bois (le plus souvent un morceau de roseau) que l'on joue de l'épinette des Vosges comme l'indique plusieurs méthodes dont celle d'Amé LAMBERT ou encore le témoigne de De Mengin Fondragon ? encore une fois quelques iconoclastes tentent de nous faire croire que l'épinette des Vosges peut être chromatique et se joue de la même manière que le dulcimer !)

 

 

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